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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/68

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beaucoup de caprice dans la répression selon les temps et les lieux, et aussi selon qu’il s’agissait d’une négation purement théorique — ou d’un refus pratique de les adorer. » Les maximes romaines sur cette question ont été résumées par l’historien Dion Cassius[1], dans le discours fictif qu’il prête à Mécène, le favori d’Auguste : « Vénère la divinité en tout et partout, conformément aux usages de la patrie, et force les autres à l’honorer. Hais et punis les partisans des divinités étrangères, non seulement par respect pour les dieux, mais surtout parce que ceux qui introduisent certaines divinités nouvelles répandent par là le goût des coutumes étrangères, ce qui mène aux conjurations, aux coalitions, aux associations, choses que ne comporte en aucune façon la monarchie. Ne permets non plus à personne de faire profession d’athéisme ni de magie… »

Accuser un adversaire d’athéisme, c’était donc le placer, au point de vue légal, dans un assez mauvais cas ; et c’était surtout le vouer aux suspicions populaires, au mépris et à la colère indignée de la foule[2]. Apulée s’y emploie avec une habile perfidie à l’égard d’Æmilianus, nouveau « Mézence ». Mais comme il ne laisse nullement entendre pourquoi ce beau-frère détesté s’était ainsi détaché des pratiques coutumières, nous n’avons aucunement le droit de suppléer à son silence en supposant qu’il ait voulu désigner celui-ci comme un « athée » du type chrétien.

Et voici l’autre texte, un peu plus significatif peut-être, mais dont il est permis de contester l’intention et la portée.

  1. LII, 36.
  2. « L’athéisme » était tout à fait impopulaire. Voir Origène, C. Celse, III, 22 ; VII, 62.