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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/81

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langer dans son ample travail sur Ælius Aristide[1]. En voici quelques fragments :

… Qui donc sur terre pourrait tolérer ces adversaires qui lâchent plus de solécismes que de mots ?… Lorsqu’ils volent, ils disent qu’ils « mettent en commun ». Ils appellent leur envie « philosophie » et leur gueuserie « mépris des richesses ». Ils hantent les vestibules, conversant plus souvent avec les portiers qu’avec les maîtres et corrigeant leur bassesse par l’impudence. — Ils trompent comme des flatteurs, mais ils manient l’insulte comme des hommes supérieurs, réunissant en eux les deux vices les plus opposés et les plus contraires : la bassesse et l’insolence ; très semblables par leurs manières d’être à ces impies qui sont en Palestine. Ceux-ci, en effet, manifestent leur impiété par ce signe évident qu’ils ne reconnaissent pas les « supérieurs »… Ils sont incapables (quant à eux) de coopérer utilement en quoi que ce soit à l’œuvre commune, mais pour saper les foyers, pour mettre le trouble et la discorde dans les familles, pour réclamer la direction de toutes choses, ce sont les plus habiles des hommes, etc.[2].

E. Renan appliquait sans hésiter ces accusations aux Juifs et aux chrétiens. « Juifs et chrétiens sont pour lui, écrit-il dans son Marc-Aurèle[3], des impies qui nient les dieux, des ennemis de la société, des perturbateurs du repos des familles, des intrigants qui cherchent à se faufiler partout, à tirer tout à eux, des braillards taquins, présomptueux, malveillants… Il présente les Juifs comme une triste race qui n’a rien créé, étrangère aux belles-lettres et à la philosophie, ne sachant que dénigrer les gloires helléniques, ne s’arrogeant le nom de « philosophes » que par un renversement complet du sens des mots. » Renan n’est pas le seul à identifier ainsi les adversaires auxquels s’en prend Ælius Aristide. Déjà l’éditeur S. Jeeb[4] avait signalé des

  1. Paris, 1923 (Biblioth. des Écoles d’Athènes et de Rome), p. 250 et s.
  2. Texte dans Dindorf, II, 394 et s.
  3. p. 54 et 110.
  4. En 1722 (t. II, p. 583 et s.).