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LA TERRE PATERNELLE.

tristesse et de deuil pour cette famille. Le père et le frère comprimaient leur douleur au-dedans d’eux-mêmes. La mère et Marguerite donnaient un libre cours à leurs larmes. — Pauvre enfant, lui disait sa mère, tu nous quittes, hélas ! peut-être pour ne plus te revoir. Combien, comme toi, sont partis, et ne sont jamais revenus ! Puis, détachant de son cou une antique médaille portant d’un côté pour effigie la Vierge et l’enfant Jésus, de l’autre, sainte Anne, patronne des voyageurs, elle la passe au cou de son fils, en lui disant : Tiens, mon fils, porte toujours sur toi cette médaille ; chaque fois que tu la sentiras battre sur ton cœur, pense à Dieu ; ne la quitte jamais. Me le promets-tu ? — Le jeune homme ne répondit que par des sanglots. Il tombe à genoux, reçoit la bénédiction et les derniers embrassements de son père et de sa mère, prend ses hardes soigneusement empaquetées par Marguerite, les suspend à un bâton, et, chargeant le tout sur ses épaules, il sort de la maison paternelle, accompagné de son père, de son frère et de quelques voisins, leurs amis, qui le reconduisirent à quelque distance ; puis il continua seul sa route, non sans jeter de temps