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LA TERRE PATERNELLE.

en temps quelques regards en arrière sur les lieux de son enfance, qu’il n’espérait plus revoir de longtemps.

Il était déjà bien loin, lorsqu’un léger bruit le fit regarder en arrière : c’était le chien de la maison. L’intelligent animal avait vu son jeune maître s’éloigner sous des circonstances extraordinaires, et il s’était de son chef constitué son compagnon de voyage et son défenseur. — Comment, c’est toi, Mordfort, pauvre chien ! — Après avoir rendu les caresses à cet ami fidèle, il voulut lui faire rebrousser chemin ; mais le chien s’obstinant à le suivre, Charles prit une pierre pour l’effrayer ; et, après en avoir menacé longtemps, il la lui lança ; malheureusement le coup fut trop bien dirigé ; la pierre alla frapper à la patte le pauvre animal, qui s’enfuit en boitant et en jetant un cri de douleur, et tournant sur son maître un regard qui semblait lui reprocher son ingratitude. Le coup retentit dans le cœur de Charles, qui détourna les yeux, et continua rapidement sa route vers Lachine, lieu du rendez-vous, et y arriva vers la fin du jour. La plupart des voyageurs y étaient déjà réunis ; il y retrouva ses compagnons de l’au-