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Page:Lacombe - La terre paternelle, 1871.djvu/63

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LA TERRE PATERNELLE

près d’elles, et leur demanda comment elles se portaient :

— Tout doucement, répondit la mère d’une voix encore émue par des larmes récentes.

— Toujours des larmes, la mère, toujours des larmes !

— Eh ! mon bon Monsieur Danis, il y a longtemps que les larmes et moi avons fait connaissance ; elles ont commencé à couler au départ de mon fils Charles ; celles que je verse sont pour le seul fils qui me restait… Elles sont bien amères.

— Comment, du seul fils qui vous restait ! Diable, la mère, comme vous y allez ! Est-ce que vous croyez donc tout de bon que votre fils Charles est mort aussi ? Allons donc ! est-ce qu’on meurt toujours là-bas ? Et moi qui vous parle, j’ai bien été vingt ans d’un coup sans revenir, si bien que ma vieille Marianne, qui me croyait mort, voulait me faire chanter un Libera ; heureusement que je suis arrivé à temps. Eh bien ! après tout, vous voyez bien que je ne suis pas mort.

— Oui, mais mon pauvre fils dont nous n’avons pas eu de nouvelles depuis si longtemps,