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Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/101

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5. — Je choisis le capitaliste, ni pour son intelligence, ni pour sa probité, ni pour sa beauté, ni pour sa jeunesse. Son imbécillité, ses vices, sa laideur et sa décrépitude sont autant de témoins de mon incalculable puissance.


6. — Parce que j’en fais mon élu, le capitaliste incarne la vertu, la beauté, le génie. Les hommes trouvent sa sottise spirituelle, ils affirment que son génie n’a que faire de la science des pédants ; les poètes lui demandent l’inspiration, et les artistes reçoivent à genoux ses critiques comme les arrêts du goût ; les femmes jurent qu’il est le Don Juan idéal ; les philosophes érigent ses vices en vertus ; les économistes découvrent que son oisiveté est la force motrice du monde social.


7. — Un troupeau de salariés travaille pour le capitaliste qui boit, mange, paillarde et se repose de son travail du ventre et du bas-ventre.


8. — Le capitaliste ne travaille ni avec la main, ni avec le cerveau.


9. — Il a un bétail mâle et femelle pour labourer la terre, forger les métaux et tisser les étoffes ; il a des directeurs et des contremaîtres pour diriger les ateliers, et des savants pour penser. Le capitaliste se consacre au travail des latrines ; il boit et mange pour produire du fumier.


10. — J’engraisse l’élu d’un bien-être perpétuel ; car qu’y a-t-il de meilleur et de plus réel sur terre que boire, manger, paillarder et se réjouir ? — Le reste n’est que vanité et rongement d’esprit,