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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/114

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MOLIÈRE.

personnages sur tout autre élément habituel de l’action scénique. L’intérêt de l’intrigue, la coordination vraisemblable des scènes, les coups de théâtre, l’esprit de mot, l’effet de style passent au second rang. Un second effet sera l’esprit de suite, l’opiniâtreté avec laquelle le Contemplateur revient sans cesse sur les mêmes sujets pour les analyser, les approfondir, les compléter, ne se fatiguant point de s’attaquer aux mêmes types, de les tourner et les retourner, afin d’en préciser les changeants aspects. Dans le but d’exposer plus clairement la variété des effets, dans les sentiments ou les vices, suivant les tempéraments, les conditions, les métiers, il emploie d’abord, dans ses premiers essais, un procédé familier aux Latins et Espagnols : il dédouble ses personnages. La même antienne sera répétée, mais d’un ton différent, par un maître et un valet, un homme et une femme, un gentilhomme et un bourgeois. Bientôt, dans l’École des Maris et l’École des Femmes, qui ne sont, au fond, que deux variations progressives, sur le même leit-motiv, il ne se contente plus de dédoubler les exemplaires d’un même type ; il oppose l’un à l’autre des types contradictoires, à propos des mêmes circonstances, se combattant dans la même famille.

Ces quelques portraits qu’il dresse en pied, gesticulants et parlants, en un choc déterminé de passions, ne suffisent pas longtemps à son impérieux besoin de décrire un plus grand nombre d’êtres vivants, ridicules ou sympathiques. Dès que l’occasion lui en sera offerte, dans les Fâcheux, la Critique de l’École des Femmes, l’Impromptu de Ver-