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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/127

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passions et caractères.

parle ou que son nom est prononcé. Dès les premières scènes, parfois dès les premiers mots, l’exposition est donc faite ; nous savons à quel genre d’originaux nous aurons affaire. On n’a plus qu’à attendre les développements de cette originalité, d’abord dans les gestes et le langage de l’individu lui-même, puis dans leurs conséquences sur sa famille, ses amis, ses relations, et sur le dénouement de l’action engagée. Si nombreux que soient des acteurs multiples sur une scène agitée dans les pièces à tiroirs, comme les Fâcheux, la Critique, l’Impromptu, la Comtesse d’Escarbagnas, si complexe que soit leur état intellectuel et moral, comme celui de Tartufe, Don Juan, Alceste, Elmire, Célimène, le psychologue attentif, l’observateur consciencieux pousse à fond, d’un même zèle scrupuleux, l’exposé détaillé de leur personnalité, soit dans le croquis net et vif d’une apparition passagère, soit dans l’étude, soigneusement dessinée et modelée, d’une plus longue pose sous une plus forte lumière.

Si Molière, pour peindre l’aspect physique des gens est trop avare de ces termes pittoresques dont nous sommes devenus si prodigues, en revanche, il n’oublie guère de nous faire connaître leur atavisme familial et social, et même leur origine ethnique. Les provinciaux et les étrangers qu’il mêle, en ses fantaisies internationales, aux Parisiens et aux Français, y gardent l’accent et l’esprit de leur terroir. Aussi souvent que l’occasion s’en offre, ils y parlent leur langage, leur patois, leur jargon. M. de Pourceaugnac et Mme d’Escarbagnas, malgré leurs prétentions au purisme de la capitale, se trahissent, plus d’une fois,