Aller au contenu

Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
MOLIÈRE.

de cultiver la Philosophie, dit Grimarest (c’est-à-dire Baron), Chapelle et lui ne se passaient rien sur cet article-là. Celui-là pour Gassendi, celui-ci pour Descartes. » L’anecdote amusante de leur violente discussion, à ce sujet, sur le bateau, se rapporte aux dernières années de sa vie. Cette inquiétude des vérités générales et supérieures nous est confirmée par le grand nombre de a Dictionnaires » et « Traités philosophiques » trouvés, à côté de la Bible, dans sa bibliothèque, après sa mort, des œuvres de La Mothe Levayer, de Montaigne, de Plutarque dont il avait deux exemplaires, l’un rue Richelieu, l’autre à sa villa d’Auteuil.

Comment un homme si cultivé, « d’humeur rêveuse » (c’est le reproche de Chapelle), le plus souvent grave, silencieux, mélancolique, au point d’être surnommé le Contemplateur, l’Atrabilaire, l’Hypocondre, et tirant du plus vulgaire incident, comme sur le bateau d’Auteuil, une conclusion de morale pratique, n’aurait-il pas mis dans tout ce qu’il composait quelque chose d’une réflexion si constante ? Tout ce qu’il dira, tout ce qu’il écrira, même en riant et pour faire rire, sera forcément un écho plus ou moins clair de sa pensée. Mais comme il est, avant tout, un poète créateur et un homme d’action, cette pensée, résultat d’une observation patiente, impartiale, générale des réalités complexes de la vie, ne se traduira pas, comme celle du philosophe professionnel, en des discussions abstraites, développements verbaux, formules tranchantes. On la sentira, on la reconnaîtra, on la suivra, tantôt dans l’éloquence, chaude et persuasive, de cer-