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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/167

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pensée et morale.

seuse et périlleuse en des axiomes immuables, au lieu d’une étude attentive et libre des réalités. C’est toujours le même esprit de retour à la nature et à l’expérience transmis par les maîtres, Rabelais, Montaigne, Gassendi.

Les pensées qui résultent pour lui de ses observations personnelles sur l’état de la famille, des relations sociales et des idées religieuses de son temps, se résument sous leur forme la plus vivante dans quatre chefs-d’œuvre, l’Avare, le Misanthrope, Tartuffe, Don Juan. Dans l’Avare et dans Tartuffe, en des milieux de riche bourgeoisie, confinant, comme celui des Femmes savantes, par ses belles relations, à la noblesse officielle, c’est le vice d’un seul personnage, qui, réagissant sur tous les membres de la famille, y corrompt chez les uns leurs vertus naturelles et le sentiment des plus simples devoirs, et détermine, chez les autres, des résistances et des révoltes. Les conséquence en éclatent dans une de ces crises douloureuses que l’auteur comique peut terminer, à son aise, par un dénouement imprévu, mais qui, dans la vie commune, ne trouvent guère de si promptes solutions.

Ces deux pièces sont de celles qui ont attiré à Molière les plus durs reproches d’immoralité. Quelques rigoristes respectables, mais hostiles ou étrangers à l’art théâtral, ont jugé, de loin, dans leur cabinet, le texte de ces comédies comme on juge un texte de sermon ou de dissertation, sans comprendre la valeur si différente que donnent aux paroles le jeu de l’action scénique, le geste et la physionomie des personnages, l’impression sympa-