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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/178

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VIII

LE STYLE

Si le génie comique de Molière, surtout en France, n’a guère connu de détracteurs, il n’en est pas de même pour son style. L’attaque a commencé quelques années après sa mort. « Il ne lui a manqué, dit La Bruyère, en 1689, que d’éviter le jargon et le barbarisme. » Bayle ajoute en 1697 : « Il avait une facilité incroyable à faire des vers, mais il se donnait trop de liberté d’inventer de nouveaux termes et de nouvelles expressions ; il lui échappait même fort souvent des barbarismes. » Puis viennent Fénelon, en 1713, dans sa Lettre à l’Académie et Vauvenargues en 1746, dans ses Maximes et Pensées. Le prélat rend, il est vrai, large justice au sucesseur de Térence qu’il place fort au-dessus de son modèle : « Encore une fois, je le trouve grand, mais ne puis-je parler en liberté sur ses défauts ? En pensant bien, il parle souvent mal ; il se sert des phrases les plus forcées et les moins naturelles. Térence dit, en quatre mots, avec la plus élégante simplicité, ce