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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/183

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pensée et morale.

de les faire parler « comme on parle chez eux ». Mais Molière savait bien ce qu’il faisait, et, puisque ses amis l’encouragaient à représenter, en toutes choses, le naturel, pourquoi n’aurait-il vu ce naturel qu’à Versailles et à Paris, dans l’aristocratie et la bourgeoisie ? Ne le trouvait-il pas, plus franc et plus naïf, dans les plébéiens chez qui La Fontaine aussi Fallait chercher ? Et c’est pourquoi Alain, Georgette, Pierrot, Charlotte. Martine, dégoisent en leur jargon, sans souci des solécismes et des barbarismes. Est-ce qu’on leur demandera, à ceux-là, des vers ou de la prose organiques et périodiques ? Leurs solécismes et leurs barbarismes font partie de leurs caractères, comme certaines phrases en galimatias et amphigouris semblent tout à fait bien placées dans la bouche des précieux et précieuses impénitents qui, en dehors même des Femmes savantes, minaudent encore, avec une grâce raffinée, dans Don Garcie, le Misanthrope, la Princesse d’Elide, les Amants magnifiques, Psyché, etc…

Assurément (qui le pourrait nier ?) il est facile de relever, assez souvent, surtout dans les comédies en vers, des chevilles et des remplissages, des enchevêtrements d’incidentes et de relatifs qui prennent, à la lecture et à la réflexion, des apparences de maquis inextricables. Mais, en fait, ces passages, au moins dans les œuvres imprimées de son vivant, sont assez rares. Ce qu’il faut observer, d’ailleurs, c’est qu’à l’audition ces morceaux défectueux ne détonnent point dans l’ensemble, parce que le sens, sous les brouillards de la forme, s’en dégage suffisamment. Le même phénomène ne se