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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/196

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MOLIÈRE.

de ces cabarets militants ou l’on fabriquait en collaboration la parodie du Chapelain décoiffé et autres fantaisies agressives ? Si l’auteur de l’Art poétique put donner plus tard d’utiles conseils au comédien, ce ne fut peut-être qu’un rendu pour un prêté.

Quant au jeune Racine, lorsqu’il revient d’Uzès à Paris en 1662, l’École des Femmes est en plein succès. Est-ce à Molière qu’il doit le sujet, le plan, les corrections de la Thébaïde ? Des contemporains l’affirment. En tous cas, il reçoit ses conseils, s’adresse à sa bienveillance pour la représentation et, dans les alexandrins sentimentaux d’Alexandre, comme, plus tard, dans les alexandrins comiques des Plaideurs, profite, visiblement, avec un goût d’artiste favorisé par d’heureux loisirs, des modèles intermittents, mais suggestifs, donnés par Molière dans l’Étourdi, le Dépit, Don Garcie, les deux Écoles. Le service capital rendu à Racine par Molière fut de l’encourager, par les exemples du Tartuffe et du Misanthrope, à prendre résolument pour pivot de l’action dramatique le développement des caractères et des passions déterminant la crise psychologique et sa solution fatale. C’est après le Misanthrope, que Racine renonce, décidément, aux intrigues factices de l’amour romanesque et s’en tient à l’étude émue de la vie réelle, comme lui prêchait d’exemple par ses créations puissantes le plus génial de tous ses joyeux compagnons du Mouton Blanc, les amis de Nature et Vérité, La Fontaine, Chapelle, Furetière, etc… Les souvenirs du Misanthrope qui ont inspiré la construction logique d’Andromaque réapparaissent, plus nombreux, dans la conduite et dans les senti-