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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/199

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le style.

des scènes assez nombreuses dans les Surprises de l’Amour, les Serments indiscrets, l’Heureux Stratagème.

En fait, durant tout le xviiie siècle, jusqu’aux approches de la Révolution, avant Beaumarchais, Molière, le puissant Molière des fortes satires morales ou des bouffonneries énormes, est chez nous démodé. Il est trop franc peut-être, trop simple et naturel pour une société engouée à la fois de littérature polissonne et de déclamations sophistiques. Il n’en reste pas moins, pour les gens de théâtre, l’inspirateur de toutes les formes nouvelles de l’art. Si Marivaux a tiré de lui la comédie d’intrigue sentimentale, c’est chez lui, dans Don Juan, Georges Dandin, l’Avare, le Malade imaginaire, que les inventeurs de la comédie bourgeoise et du drame larmoyant iront aussi prendre leurs premiers exemples, comme, plus tard, le drame romantique et notre comédie moderne se pourront autoriser de la liberté scénique et du mélange des genres sérieux et bouffon déjà opéré, avec quelle maîtrise !, dans Don Juan. En réalité, chez nous, aucun homme de théâtre, auteur ou acteur, ne s’est jamais soustrait à l’influence bienfaisante et féconde de Molière.

Tous les auteurs qui, à diverses reprises, ont rendu à la comédie française son éclat, sa valeur morale, sa force d’expansion, se réclament hautement de lui. Ne lui eussent-ils pas témoigné, en toute occasion, leur reconnaissance filiale, qui ne reconnaît dans les chefs de file, Beaumarchais, Émile Augier, Alexandre Dumas fils, les héritiers légitimes de Molière ? Que dire de tous les bons