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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/198

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MOLIÈRE.

plet dans l’Homme a bonnes fortunes. Parmi ses successeurs, malgré leurs qualités vives et fines, leur gaîté souvent si sincère et si communicative, ni Boursault, ni Dufresny, ni Dancourt, ni même ce joyeux et amusant viveur, écrivain si élégant, Régnard, ne purent s’élever au-dessus de la peinture, spirituelle et anecdotique, des mœurs faciles et relâchées d’une société en décomposition. Le Turcaret de Lesage seul se montra plus hardiment satirique, mais la comédie, réduite à un tel étalage de basses friponneries dans un milieu uniquement composé de coquins cyniques et médiocres, ne pouvait guère avoir de portée morale et sociale.

Quoi qu’il en soit, malgré leur infériorité générale dans la vigueur ou la nouveauté des analyses, dans l’ampleur et la chaleur de l’explosion comique, dans la largeur et la hauteur de la pensée, tous ces fournisseurs de notre scène comique restent les obligés de Molière, pour la sincérité et la finesse de leur observation, pour la clarté et la vivacité de leur langage. Ceux mêmes qui, comme Marivaux, ayant cherché et trouvé une route de traverse encore mal explorée, affecteront quelque dédain pour le fier Maître qu’oublie la frivolité des salons, se rattachent encore à lui plus qu’ils ne veulent bien dire. Seulement, au lieu de reprendre, comme les autres, les types les plus fameux, tel que Tartufe dont il essaie pourtant une doublure et réduction mondaine dans le roman de Marianne, Marivaux, au théâtre, cherche son inspiration dans les œuvres oubliées qu’on ne lit guère. Les Amants magnifiques deviennent les Fausses Confidences, et la Princesse d’Élide lui fournit