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Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/139

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Si, dans toutes les parties du royaume, les cultivateurs se réunissent en brigands, faut-il en chercher d’autres causes que celles qui les chassent de leurs chaumières, les forcent d’abandonner les champs et de recourir au pillage pour subsister ? Du iiie au xive siècle ces bandes errantes de vilains en révolte ont, sous le nom de bagaudes d’abord, de jacqueries ensuite, dévasté les provinces, assassiné les voyageurs, volé sur toutes les routes, pillé et incendié les maisons.

Ces effroyables résultats de la tyrannie seigneuriale se renouvellent de siècle en siècle, avec l’action qui les fait naître. Pendant seize siècles les révoltes sanglantes des paysans ne cesseront pas de signaler les souffrances qu’ils endurent et l’excès de leurs maux. Les mêmes causes produisent partout les mêmes effets. Les causes : les seigneurs, obligés de subvenir aux guerres privées ou générales qui se succèdent alors sans relâche, exagèrent les redevances et les obligations de leurs sujets. Les effets : massacres des riches, des nobles, des fonctionnaires, le pillage des châteaux, l’attaque des villes, le brigandage sur les routes. Partout la même marche, les mêmes vicissitudes, la même fin. Bagaudes ou jacqueries, l’histoire des unes est presque exactement l’histoire de l’autre.

C’est à tort que quelques historiens ont cru voir dans ces luttes incessantes des paysans

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