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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/119

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LETTRES 1881-1882

Ici, je suis dans une rue tout en palais et monuments, c’est vous dire qu’on n’y entend jamais les sanglots d’automne des orgues de Barbarie. Les orgues, mes bons amis de Paris. Ici, je n’en ai entendu qu’au Bois, si déplacé que cela puisse vous paraître. Et il me tarde bien d’entendre celui qui est toujours vers cinq heures à la porte du Luxembourg. La rue Denfert n’étant pas loin de là, j’irai vous voir, dites ?

Dans votre salon intime et obscur aux meubles sévères. J’ai toujours dans l’âme la chanson de l’averse du soir, de ce dernier soir où je vous vis, moi le cœur serré à songer à mon départ, vous souriant en causant, tandis que vos yeux pleuraient encore cette espèce de chien enlevé dans des circonstances si mystérieuses dans la journée du 27 novembre 1881.

Oui, Henry est un être extraordinaire. Son ministre du Brésil, dont il vous a peut-être parlé et qui l’appelle le docteur Henry, ne voulait pas croire à ses 22 ans. Henry a un grand tort, celui de n’être pas dandy : il devrait soigner ses mains, se chausser fin, être toujours fraîchement rasé, porter des vêtements faisant valoir l’aristocratie de ses allures.

J’aime beaucoup Bellanger, qui a fait d’excel-