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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/14

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VIII
ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

sa vingt-et-unième année jusqu’aux tout proches menaces de la mort, on verra paraître sans cesse le cœur et l’esprit de Laforgue tout parés de la séduction irrésistible de leur fraîcheur spontanée et savante, et de leur souriante ironie. Il n’est personne, sans doute, en qui ces lettres ne pourront accroître l’affection que fait naître pour leur auteur la lecture des Complaintes ou des Moralités Légendaires.

Qu’il écrive à son protecteur, Charles Ephrussi, à ses grands amis de chaque jour M. Charles Henry ou Théophile Ysaye, à la plus chère des sœurs ou à la plus lettrée des amies, il conserve toujours un naturel égal, une intelligence prompte, un cœur exquis. Si la lettre à Trézenick est un document littéraire d’importance, les lettres à sa sœur sont des témoignages humains d’inestimable prix : elles ajoutent grandement aux plus touchants vestiges littéraires que nous ait laissés la tendresse fraternelle et elles placent Marie Laforgue parmi ces sœurs, discrètes mais inoubliables, Laure de Balzac, Pauline Beyle, Henriette Renan, etc., dont les visages s’éclaireront toujours des plus tendres reflets de la gloire de leur frère.

C’est par l’une de ces lettres que s’ouvre ce recueil. Jules Laforgue est alors à Paris depuis cinq ans, après avoir vécu d’abord six années à Montevideo, où il est né