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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/176

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

sir !!! C’est à mourir !!! Je vais tous les jours à cette Conversation décorée par des peinturlureurs à quatre sous. Je vais au Cabinet de lecture où je cherche les bons morceaux que l’on peut glaner dans une collection du Graphic. — Le « beau monde » se promène dans le jardin écoutant la musique. Pas une toilette ! La civilisation y est à ce point avancée qu’on ne peut se promener dans les rues ou le jardin avec un chapeau haut, même correct, que tout le monde ne s’étonne, — à moins qu’on ne soit un très vieux vieillard.

J’ai vu un catalogue du Salon et j’ai un vague soupçon que la toile de Max Klinger a été refusée. — Que dites-vous du moins de ses eaux-fortes ? C’est curieux d’idée, quoique pénible, trop préparé et sabré, pas avec assez de bravoure. C’est cependant, à le prendre en bloc, un curieux tempérament.

Je possède une Imitation de Jésus-Christ et l’Éthique du grand Spinoza, et je m’en nourris dans mon cœur solitaire, dédaignant les splendeurs de ce Bade où les librairies n’ont que des romans de Dentu et n’ont pas pu encore me faire envoyer les Aveux, que j’espère cependant pour demain matin.

Votre
Jules Laforgue.