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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/33

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LETTRES 1881-1882

ces jours. Vois-tu, je suis prêt à tous les dévouements, à toutes les abnégations ; mais, avant tout, mon but est ton bonheur à toi, je ne veux songer qu’à cela, je rendrai mes frères et sœurs heureux, mais pour toi ce sera de l’adoration, de la vénération, et si tu mourais je mourrais.

Ainsi, soigne-toi ! si tu ne veux pas me rendre malheureux, me décourager dans mes dévouements, aie du courage.

Vois-tu, je vais être logé, nourri au palais, j’aurai un domestique ; à la moindre chose j’aurais là un grand médecin ; j’aurai 9.000 francs par an. Je prends pour moi seul Charlot et Adrien[1]. Je serai heureux et vous le serez.

Les premières semaines de douleur passées, nous songerons au positif, le terrible positif. Mais je me sens et du cœur et des forces, va. Remercie la cousine de sa lettre. Je n’ai pas besoin de dire tout ce que j’attends de leur part de dévouement, d’elle et de Pascal[2]. Ma tante est encore trop abattue pour songer fermement. A-t-on écrit à Émile ?

  1. Ses deux plus jeunes frères, en faveur de qui il fit abandon de sa part d’héritage. Émile, nommé plus loin, était son frère aîné qui faisait alors son service militaire.
  2. Cousin germain du père de Jules Laforgue ; il avait été le correspondant d’Émile et de Jules quand ceux-ci étaient pensionnaires au lycée de Tarbes.