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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/38

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

gagner largement ma vie, je vais m’occuper de Charles et d’Adrien. Et avant longtemps nous vivrons ensemble, et je te ferai une existence heureuse, si du moins il en peut être une pour toi. Soigne-toi surtout ! Je t’ai dit que si tu mourais, je ne te survivrais pas, rien ne me retiendrait, ni l’avenir de mes autres frères et sœurs, ni mes ambitions, rien.

Comme je voudrais être à Tarbes !

J’ai tant peur que la mort de notre père ne t’aie donné un coup. Je veux espérer que, le soignant à chaque heure, tu devais être peut-être préparée à cette fin. Soigne-toi. Je te rendrai heureuse, non seulement en te comblant de tout, mais encore en rendant heureux mes frères et sœurs.

Mais écris-moi, écris-moi. Comment se fait-il que je n’aie pas une lettre de toi ?

Combien de jours faut-il que je passe encore dans ces angoisses ?

Écris-moi, écris-moi une lettre chaque jour, et je t’écrirai chaque jour d’ici à mon départ. Adieu, soigne-toi, et espère ; tout ce que tu pourras espérer, je le réaliserai.

Je t’embrasse,

Jules.