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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/54

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

Ah ! ma chère Marie, le plus fort est fait !

Je suis sauvé. Je vais me laisser vivre dans ces opulences. Je vais m’y habituer, m’assouplir, gâter mon estomac, soigner ma personne, et bûcher mes livres, mes chers livres, qui sont ma seule ambition en dépit de tout !

Ah ! çà, mes amis ! Que pensez-vous de tout ceci ?

Ma chère Marie, Émile a dû vous arriver ; il vous amènera bientôt à Paris.

Il aura une place : mes frères n’ont qu’à se laisser faire, je les caserai tous. Si Adrien avait six ans de plus, il serait dans quatre ans mon successeur. Le vois-tu en habit de cérémonie, lisant à Sa Majesté et sautant les passages lestes ?

Dis-lui de ma part d’être bien sage et de t’adorer.

Ma chère Marie, es-tu contente de moi ? Espères-tu ?

Je vous embrasse tous ainsi qu’Anastasie, l’oncle, Pascal, la cousine.

Ton Jules.

Je n’ose pas déchirer un bout de ma tapisserie dorée pour faire le pendant de celui de ma chambre, que je t’ai envoyé il y a deux mois.