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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/62

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

noirs, des vallées idylliques, un homme accroupi comme un insecte au milieu des vastes champs sous le grand ciel, dix-neuf tunnels. Puis les gares pavoisées, les vivats à toute vapeur, et le reste. Je voyageais avec le docteur Velten et le comte de Nesselrode, grand-maître de l’Impératrice (un vrai type, et rien comme une journée face à face en wagon pour étudier un monsieur, je l’ai vu dormir, etc.) ; à Cassel dîné avec des demoiselles d’honneur et la comtesse de Brandebourg qui a un sourire divin au sens illuminant du mot (le sourire de Mme Mullezer, entre nous). Arrivé à Berlin à 10 heures du soir, foule, le prince et la princesse royale, le prince Henri (sans y grec), etc., des voitures de cour avec une profusion de panaches et de chamarrures.

Je demeure palais des Princesses, Unter den Linden, sous les tilleuls, une petite édition de notre boulevard des Italiens. Je demeure sur la place à un rez-de-chaussée élevé à un mètre du sol. Devant moi la caserne avec musiques militaires, des canons braqués ; ensuite l’Université, puis le palais du Roi et le Musée ; à ma gauche l’Opéra et le palais de l’Impératrice ; à ma droite[1] ............ rien que des colonnes, rien que des statues, etc.

  1. Ici quatre mots devenus illisibles. (Note de M. Félix Fénéon.)