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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/65

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LETTRES 1881-1882

De grâce, parlez-moi de ce que vous faites ; ne me laissez pas moisir ou je vais me jeter dans les vases de la Sprée, un ruisseau ignoble. Mais j’ai vu le Rhin et le pont de Kehl.

J’ai vu M. de Bismarck, hier, il a l’air bien hargneux.

Mais c’est ennuyeux de tout écrire. Il n’y a rien qui remplacerait une conversation et nous causerons quand je reviendrai à Paris.

Dès que je me serai remis de tout ceci, dès que la machine de mes habitudes fonctionnera automatiquement, je me remettrai dans l’atmosphère de Paris et je tramerai plus serré mon volume de vers, et je m’attellerai à mon roman, et je rêverai à mes bouquins d’art. Que de livres me hantent[1] !

Et notre anthologie ?

Adieu. Je baise la main à Mademoiselle, que j’avais chargée d’une mission à laquelle elle ne pense peut-être plus. A-t-on retrouvé le chien de Mme Mullezer, Sanda Mahali ? et le manuscrit en question ? Rappelez-moi au souvenir de Bellanger. Adieu.

Jules Laforgue.
  1. Jules Laforgue travaillait alors à son premier recueil de vers Le Sanglot de la Terre, qui ne devait paraître, fragmentairement, qu’après sa mort, et à un roman Un raté dont il ne nous est rien parvenu, que quelques brèves notes.