Aller au contenu

Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

Qu’on songe que l’Allemagne avec tous ses petits États a au moins une centaine de décorations dont on peut faire le relevé dans l’Annuaire militaire, en commençant par les quarante variétés de l’Aigle rouge ! — On regarde les tableaux :

L’immense chromo d’Antoine de Werner, la Proclamation de l’Empire à Versailles, avec les casques des gardes-cuirassiers reflétant minutieusement les fenêtres du palais de la royauté française ; le Couronnement du roi à Kœnigsberg, par Menzel, intéressant essai de réalisme et même d’impressionnisme dans un tableau officiel ; un prince de Galles en hussard prussien ; des tableaux de genre relatifs à la dernière guerre ; nombre de vieux portraits par le Français de Pesne, etc. Il y avait encore là le Bonaparte franchissant les Alpes de David ; depuis deux ans, il a disparu.

On se montre les célébrités : le recteur de l’Université, en manteau de velours rouge brodé d’or et escarpins à boucles ; l’illustre et mal en cour historien Mommsen, avec sa figure de vieille sorcière et ses gestes nerveux, qui parle le français d’une façon charmante et vous dit volontiers du mal de M. Duruy ; le savant Helmholtz qui s’est