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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/108

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

L’empereur, assisté du comte Perponcher et de son aide de camp le prince Antoine Radziwill, — le seul homme qu’il tutoie, — fait cercle. Il se tiendra ainsi debout, causant et donnant des poignées de main, pendant une heure, jusqu’au moment d’aller aux buffets.

Le prince héritier se tient debout, d’un autre côté, causant au hasard avec l’un et l’autre. Il n’a plus son exubérance de gestes, ses saccades de rire d’autrefois. C’est presque toujours le peintre officiel Werner qui l’accapare à ce moment-là, et veut le distraire, sans se douter qu’il l’assomme. Le prince Guillaume circule également, causant, serrant des mains, avec son éternelle affectation de vivacité poussée jusqu’au sans-gêne vis-à-vis des ambassadeurs, faisant étalage des manières plus que cordiales qu’il a prises à son père, en même temps qu’il lui prenait sa popularité dans l’armée. Peu à peu, la salle revêt un autre aspect : le corps diplomatique quitte son coin et se mêle, ambassadeurs et attachés, à la foule. À ce moment, la langue française prend le dessus et se répand avec tous les accents possibles. Et le terrible Menzel circule toujours.