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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/115

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

grec noirci par le temps, avec une pauvre entrée dont on pousse la porte de bois nue et salie, et par où on peut à peine passer deux de front ; au dedans, une salle pour dix-huit cents personnes, sans plafond peint ni statues, ni décoration, mais criblée de vilaines moulures dorées ; autour de la salle, un étroit corridor lambrissé de bois avec les vestiaires et deux niches, l’une pour la marchande de livrets d’opéra à 25 centimes, l’autre pour le marchand d’eau de Seltz, deux petits commerces qui vont très bien. Depuis trois ans, on a un foyer, ou du moins la salle de concert de l’Opéra. Une salle toute nue, avec un divan circulaire au milieu, est livrée comme foyer au public, quand il n’y a pas concert.

C’est à neuf heures qu’arrive la cour. Dès huit heures, les loges et les galeries sont occupées, et il est impossible de circuler dans la salle. Le parquet a été débarrassé de ses sièges et surhaussé à la hauteur de la scène, qui est également livrée au public dans toute sa profondeur. Dans la cohue qui circule, le premier coup d’œil ne perçoit naturellement qu’uniformes ; les habits noirs en forment un bon quart cependant. Les uniformes sont, comme toujours, irréprochables. Mais ces habits noirs ! C’est ici comme dans