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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/123

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

Quand il ne sent plus au-dessus de lui la gêne de la présence de la cour, ni la curiosité probablement impertinente du corps diplomatique, le public venu pour danser se sent enfin chez lui et danse comme chez lui.

Les uniformes de lieutenant et les toilettes accompagnées d’habits noirs fusionnent peu à peu. Tout ce monde est franchement gai, sans éclat ni bavardage. Toutes les joues sont roses ; tous les yeux brillent, même à travers les lunettes. Bientôt le parfum de ce bal, fait d’eau de Cologne et de l’odeur de l’encaustique dont on a fort ciré le parquet, est à son comble. On n’a plus honte de la buvette à bière dissimulée derrière la scène, et le dernier attaché d’ambassade, à l’habit confectionné à Londres, au plastron étoilé d’un cabochon, peut disparaître, ne produisant plus le moindre effet.

Les journaux de demain auront de la copie et rééditeront les clichés élégants émaillés d’expressions françaises, avec une insistance de provinciaux.

Demain aussi, toute l’Allemagne saura que l’empereur a encore ouvert une fois le bal de l’Opéra, qu’il avait bonne mine et a causé avec la plus grande vivacité, etc. Pour toute l’Alle-