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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/126

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

quier un tel, tel autre à M. le professeur… ou à M. le conseiller de commerce, et même à M. le rentier !…

Il est certain personnage à la cour dont le titre est : der geheime Cabinetsrath wirkliche geheime Rath von…, Excellenz (le privé conseiller de cabinet, réel conseiller privé de…, Excellence).

Quand l’historien connu généralement sous le simple nom de Léopold Ranke était malade, dans le mois de sa mort, et que les journaux donnaient des nouvelles de sa santé, on pouvait lire dans ces journaux : « Le réel conseiller privé professeur, docteur de Ranke a passé une nuit agitée. »

L’emploi des titres est si naturel qu’ils se débitent entre personnes vivant ensemble familièrement depuis des années. De temps en temps, la sentimentalité allemande fait d’un titre un diminutif d’affection. Je garde comme un de mes étonnements d’Allemagne ce mot d’une dame rencontrant une amie et lui disant : « Comment allez-vous, Geheimräthchen ? » C’est-à-dire que l’interpellée a pour mari un de ces éternels conseillers privés, que ce titre est porté naturellement par sa femme et que voilà une amie qui ajoute au titre de quoi faire un diminutif