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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/133

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

interrompue, au centre, d’une vingtaine de magasins. Et tous ces monuments se ressemblent, sans toits, mais à terrasses, avec statues se dressant en plein ciel, badigeonnés de gris, nus, froids, ils forment autour de la froide statue de Frédéric, campée au centre, comme autant de casernes.

Une moitié seule de l’avenue est plantée d’arbres, celle qui va du Palais à la place de Paris. La largeur de l’avenue est de cinquante mètres : au milieu, une chaussée en terre battue, pour les piétons, et où, l’été, les bébés prennent l’air avec leurs bonnes, tandis que des flâneurs rôtissent sur les bancs, ou se désaltèrent aux buvettes. Cette chaussée est bordée des deux côtés de tilleuls. Ils sont vieux et restent seuls des fameux tilleuls qui ont donné leur nom à l’avenue. Les deux chaussées qui viennent ensuite, étroites, l’une pour les cavaliers, l’autre pavée, étaient aussi bordées de deux rangées égales ; mais voilà quelques années que ces arbres dépérirent soudain et moururent. Les uns accusèrent les infiltrations du gaz, les autres, plus au courant des mœurs berlinoises, accusèrent le sans-gêne des passants nocturnes. Quoi qu’il en soit, on les a remplacés par deux files de