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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/136

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

également du bois, un vieux breack attelé en daumont.

Bientôt le faubourg rentre chez lui : une autre vie se dessine peu à peu. Les palais reçoivent leurs officiers et leurs fonctionnaires ; c’est un va-et-vient, l’armée se répand. Voici les boursiers se rendant à la Bourse dans leurs voitures ou en fiacre ; le commissionnaire, l’Express à la casquette rouge, se poste aux bons coins. Les étudiants se promènent dans le parterre qui précède l’Université, avant d’entrer, et jouissent du « quart d’heure académique ». Un corbillard rentre, bas sur roues, avec son cocher à tricorne Louis XV galonné d’argent, et déjà la vieille qui tricote se trouve devant l’Opéra, criant les programmes et le texte de l’opéra qu’on joue ce soir.

Passe le comte Perponcher en civil, sanglé, raide, la moustache cirée. Le grand chambellan vient d’avoir sa petite séance avec l’empereur, comme tous les matins. Il croise et salue dignement une jeune dame d’honneur par intérim qui, il y a un mois encore, était dans son naïf château, et se trouve tout intimidée d’être suivie à quinze pas d’un valet en livrée et chargé d’aiguillettes, sous les Tilleuls !