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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/143

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

France, dans son coin, est seule à avoir un bout de balcon et un toit à ardoises. La tristesse ne disparaît qu’en été, quand on fait aller les deux jets d’eau et que les hirondelles vont et viennent.

Le dimanche. La ville est petite, on entend tous les carillons. Le Corps de Garde s’apprête aux saluts du retour de la messe. Des gamins sont venus d’avance et sont assis contre la grille. Le retour de la messe commence et beaucoup de promeneurs ont choisi cette heure pour faire, en leurs beaux habits, la navette entre le Palais et la place de Paris. Le trottoir qu’on fréquente (car, comme partout, il y a un côté qu’on délaisse Sous les Tilleuls) est encombré à n’y pouvoir circuler, si l’on ne veut se mettre au pas de cette procession endimanchée. Tous les officiers ont leur brochette de décorations. Ceux qui vont donnant le bras à leur femme sont superbes. Le nombre des soldats et des officiers domine tout et ce n’est qu’un salut militaire cent fois multiplié d’un bout à l’autre de l’avenue. À midi la Garde va passer, le vide va se faire, puis l’encombrement va reprendre. C’est le meilleur moment pour voir les toilettes et juger du goût de la population moyenne.