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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/142

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

Tilleuls et de la rue Frédéric, où une pauvresse se tient derrière un treillis de lattes, portant des feuilles allemandes et viennoises, le Times, le Figaro, le Journal amusant, le Petit journal pour rire. L’Allemand ne lit pas son journal dans la rue.

Un employé traversant la chaussée et portant à deux mains l’énorme bocal rond de bière blanche. Cet amas de bière, quand on le transporte, fait une espèce de houle.

Ciel d’hiver, police à cheval qui passe. Cheval noir, sabre qui pend, large manteau noir qui va jusqu’à l’arrière-train du cheval. Aux carrefours les plus fréquentés, un de ces policiers à cheval, immuable.

En automne et en mars, le ciel paraît plus vaste et plus froid au-dessus de toutes ces casernes à terrasses plates. À certains soirs d’avril, vue de loin, la statue de Frédéric fait bien avec son petit tricorne penché, sur fond de couchant et d’arc de triomphe, avec un peu au-dessus de la tête une portée de quarante fils téléphoniques.

L’autre bout, la place de Paris, présente les mêmes cercles de casernes à terrasses plates dressant leurs mâts à pavoiser. L’ambassade de