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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/147

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

caoutchouc ; en hiver, un col de fourrure au manteau. La pointe de leur casque est mouchetée d’une boule.

Les marchands de fleurs, — toujours des muguets, — doivent se tenir au ras du trottoir, dans la rue. Ces marchands sont des voyous, de vagues filles et des vieilles en cheveux gris. Je parle ici du coin de l’avenue des Tilleuls et de la rue Frédéric.

Tous les chiens sont muselés. À part les molosses genre de celui de Bismarck et avec lesquels se pavanent de fortunés étudiants, on ne voit guère que les pauvres bêtes tirant la charrette.

Édilité parcimonieuse. — Peu d’arrosage : nos lances sont inconnues. En août, les grandes rues sont intenables de poussière, on crie après une goutte d’eau. La neige tombe et durcit, des traîneaux remplacent les fiacres et filent, le cheval agitant ses sonnettes dans le silence de corridor des rues ; on peut se promener ainsi à travers le bois, sans encombre. Puis vient le terrible dégel et les informes caoutchoucs aux pieds.

Étrange, presque une gageure, le ramoneur. Il est vêtu d’un collant complet et noir, comme un clown funèbre, il traîne des savates, il tient