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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/170

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

qui monte est un bruit de vaisselle, de verres. Dans les loges, on est trop chic pour manger ; mais le monsieur et la dame tiennent chacun leur verre de bière, trinquent, boivent et le reposent sur la petite planchette.

La bière va vite ; on voit, dans les coins, de petits tonneaux qu’on n’a pas pu encore remiser.

Les « artistes » qui remplissent le programme, on les a vus à Paris, on les voit partout. Le seul numéro indigène est la chanteuse. Son costume est de la canaillerie la plus économique, jupe courte, hautes bottines en satin rose ou vert, épaules décolletées, gants à nombreux boutons, et les vertueuses tresses sur le dos. Dandinement d’oie, bras arrondi, piétinement sur place, main sur le cœur, effets de petits doigts, pas autre chose. Jamais une pointe excentrique. Quand la chanteuse est viennoise, il y a moins de prétention, plus de souplesse, et le répertoire est un peu plus tintamarresque. Mais les Berlinois n’oublieront pas certaines chanteuses parisiennes et américaines qui passèrent ici.