Aller au contenu

Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

Les nouvelles brasseries établies au centre de la ville sont des modèles de luxe, de confortable et de fraîcheur. Il en est une, élevée depuis deux ans dans la rue Frédéric, qui est une des curiosités de Berlin, une curiosité architecturale : son clocheton final domine toutes les maisons (un arrêté municipal dut même l’empêcher de monter plus haut), sa façade est curieusement peinte à fresque. Le style de ces établissements est ce qu’on appelle Renaissance allemande ; plafonds et revêtements, du plancher au plafond, sont en bois, les poutres souvent coloriées ; tout autour de la salle, une étagère où s’alignent toute espèce de récipients à bière, en porcelaine, en grès, en métal, en verre, de toutes les époques.

Les revêtements sont peints en lettres gothiques d’inscriptions en l’honneur du dieu. En voici une :

Veux-tu vivre sain de longs jours ?
Bois tes six setiers par jour.

Toutes ces brasseries sont éclairées à la lumière électrique. Le comptoir est souvent formé de la moitié d’un énorme tonneau faisant dôme. Les tables sont en bois et restent nues ; sur chacune, invariablement, une corbeille avec