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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

est désert, sauf deux amoureux installés à une table étroite ; entre eux, l’énorme bocal de bière blanche.

Les affiches de mai donnent une dernière idée de l’importance de la bière dans cette ville. J’entre à l’École des beaux-arts ; dans le corridor d’entrée, des fournisseurs d’art, etc., viennent apposer leurs réclames. J’en trouve, parmi elles, une qui commence ainsi : À tous les fils des Muses et connaisseurs en bière. Autre affiche : Aux connaisseurs en bière ! Pure munichoise ! Pure nurembergeoise ! chez…, près des tramways dans toutes les directions. J’oubliais de dire que j’ai vu à la vitrine d’un marchand de musique un Bierwalzer, « la Valse de la bière ».

La bière appelle le tabac. Après une série de bouffées de fumée, une lampée de bière.

Dès qu’on quitte le wagon français ou belge à Cologne et qu’on entre dans un coupé allemand, on est frappé de ce que celui-ci est muni d’un cendrier à chaque portière. C’est ainsi sur toutes les voies ferrées de l’Allemagne : vous avez toujours un cendrier à votre droite ou à votre gauche.

À Berlin, on retrouve le même cendrier dans