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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/179

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

les loges des alcazars : dans l’encoignure gauche, le cendrier ; dans l’encoignure droite, la planchette pour poser le verre de bière.

Il y a deux sortes de magasins à fumer, à Berlin. L’un a pour vitrine un étalage de boîtes pleines de cigares de toutes variétés, de tous prix. Le prix est marqué sur chaque boîte par mille cigares. La mention : Direkte Importation ne manque jamais. On entre, on demande des cigares. À quel prix pièce ? Vous dites vos centimes. Là, invariablement le marchand ne vous connaît pas, vous êtes sûr d’être volé et de payer 20 centimes un cigare que le client connu aura pour 10 centimes. Le mieux est de regarder, avant d’entrer, s’il n’y a pas sur le comptoir des boîtes à demi pleines, avec prix marqué, et qu’on met là comme une occasion. Après avoir inspecté une demi-douzaine de magasins, vous en trouverez toujours un qui vous offrira cette occasion : achetez, vous ne serez pas volé. Il serait ridicule et presque insultant d’entrer dans un magasin et de ne prendre qu’un cigare comme on fait à Paris ; c’est toujours par demi-douzaine qu’on y va ; on vous les sert dans un petit sac de papier tout préparé. On n’entre pas dans ces magasins pour prendre du feu