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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/193

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

on les rencontre partout le matin avec leur carton à musique ; elles sont sanglées dans leur costume, on sent une taille ; elles ont une allure et non la nonchalance allemande ; il faut ajouter à cela la prédilection pour les couleurs sombres et chaudes dans la toilette.

Le pied de l’Allemande n’est pas une légende. Au bois, celui des amazones vous tire l’œil. Mais qui les chausserait bien à Berlin ? Pas un bottier propre. Dès qu’on passe en Suisse, en Belgique, l’isolement et la grandeur du pied allemand apparaissent frappants. L’officier seul soigne sa chaussure, mais il se serre et son pied a l’air d’un boudin ; c’est un peu comme son pantalon collant pour lequel il dit à son tailleur : « Si je puis y entrer, je ne le prends pas. »

L’Allemand idéal : le type des guerriers modernes dans les bas-reliefs de la dernière guerre en opposition au latin. Pas de prétention au distingué, pas même la peur d’être traité de Goth, de Visigoth, Ostrogoth : large face ouverte, barbe largement étalée, sans coupe civilisée, cheveux plantés au milieu du front et rejetés. C’est la tête si populaire du prince impérial actuel.

Type tout opposé et bien allemand : consti-