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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/207

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

machinalement. Le Knix est cette révérence qui consiste à plier vivement un genou.

J’entre dans un « conditorei », ces pâtisseries où l’on peut se rafraîchir, avec une dame de la meilleure éducation, mais tout allemande. En sortant, un garçon nous ouvre la porte, un simple garçon ; la dame lui dit « adieu » avec un sourire distingué.

L’Allemand ôte son chapeau dans un magasin, mais garde son cigare.

Vous êtes dans un coupé de chemin de fer. À une station, un Allemand entre, une jeune fille entre, ils vous disent bonjour.

Un inconnu qui vient s’asseoir à la même table que vous au restaurant vous salue de la formule Mahlzeit (abréviation de gesegnete Mahlzeit, que votre repas soit béni !) et en s’en allant, il vous dit « adieu ».

Entre midi et trois heures, que vous sortiez d’un magasin, du café, etc., le marchand et le garçon de café vous salueront du Mahlzeit.

Heine disait : « À Paris, quand quelqu’un me marche sur les pieds, je me dis : c’est un Prussien. » Ce n’est certes pas là qu’une boutade. Dans les rues de Berlin on est cogné, heurté plus qu’il n’est fatal, même avec un trottoir