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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/206

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE


POLITESSE



LAllemand est né simple. Sa manie du cérémonieux vient de ce qu’on l’a trop universellement traité de barbare et d’ours. « Ils nous traitent d’impolis, nous serons aussi polis qu’eux, » ont-ils pensé. Seulement, ils se sont trop appliqués et ils ont mis les pieds dans le plat.

Les grands, les larges coups de chapeau que les gens se donnent dans la rue semblent, dans les premiers temps, une plaisanterie entre amis. Il n’en est rien. Trois messieurs rencontrent trois messieurs, on s’arrête, on cause ; quand on se quitte, les six chapeaux s’élèvent et restent un instant suspendus, décrivant la même parabole.

De même pour la courbette. L’Allemand ne salue pas de la tête, mais de l’échine. Il y a aussi le Knix que toutes les petites Allemandes font