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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/223

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UNE VENGEANCE À BERLIN

— Alors, monsieur, c’est votre dernier mot sur le sujet qui m’amène ?

— Oui, madame, je jouerai demain Soir de Bayreuth ; je serai charmé que vous veniez entendre comment j’interprète cette œuvre inédite. J’essayerai de ne pas trop la déflorer pour votre tour. Et peut-être ma modeste interprétation vous suggèrera-t-elle…

— Au revoir, monsieur le pianiste de Paris.

— Au revoir, madame. Vous oubliez votre éventail.

— Oh ! mon Dieu ! Grand merci, monsieur.

L’Académie de chant, où se donnent à Berlin la plupart des concerts de virtuoses, est un petit temple grec, entouré d’arbres, avenue des Tilleuls, entre le Corps de garde, l’Université et l’Arsenal. À l’intérieur, une salle nue, toute blanche et glacée ; des rangées de bancs nus comme dans un temple protestant ; au fond, une estrade ornée de trois bustes.

Le concert commence à huit heures. Rien