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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/222

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

en avoir la copie, un manuscrit autographe. Je travaille cette œuvre depuis des mois, et cette œuvre inédite doit me lancer l’hiver prochain, à Berlin même (je ne vais pas vous gêner dans votre Paris, moi !). Or, cette œuvre, d’où l’avez-vous, je vous prie ?

— C’est fort simple. Liszt me l’a donnée lui-même. Je croyais également être seul à l’avoir. Mais je commence à soupçonner que l’illustre et fallacieux maître, que vous devez connaître aussi bien que moi, mieux même puisque vous êtes femme, aura fait encore d’autres heureux que nous avec ce Soir de Bayreuth inédit. Qu’en pensez-vous ? Ce sera là, madame, la consolation que je vous offre et l’excuse que je vous prie d’accepter, si je maintiens dûment Soir de Bayreuth dans mon programme de demain.

— Vous ne ferez pas cela, monsieur.

— Épargnez-moi, madame, de persister dans cette attitude désobligeante, mais naturelle, et permettez-moi de ne voir en tout ceci qu’un badinage de confrère et qu’un prélude à des…

— Vous refusez ? et si je vous menace de mon éventail !…

— Je croirai devoir vous faire la cour.