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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/45

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

en est le centre topographique. Campé au milieu de l’avenue des Tilleuls, entre l’Université et l’Arsenal (musée), vis-à-vis des deux palais et de l’Opéra, c’est une espèce de castrum romain, un temple bas et gris avec fronton triangulaire à bas-reliefs et précédé d’un portique de six colonnes. Le tout est entouré d’une grille. Sur le devant, entre la grille et le portique sont alignés en deux files quarante piquets munis chacun d’un support pour le fusil. Ces piquets marquent la place de chaque soldat et rendent plus prompt l’alignement. J’ajouterai que si petits et insignifiants qu’ils soient, ils sont peints aux couleurs de la Prusse, comme les guérites, etc. Nos guérites ne sont tricolores que depuis le ministère Boulanger. Au dernier de ces piquets est attaché un tambour, le petit tambour plat prussien qui résonne si sec. Une sentinelle est là près de la grille. Elle ne se promène pas, devant avoir constamment l’œil au guet, à droite et à gauche de l’avenue. Dès qu’apparaît une voiture de la cour (le plus souvent simple coupé, mais dont le cocher avec ses aiguillettes et sa ganse de chapeau d’argent est visible d’assez loin), si le cocher tient son fouet d’une façon qui signifie que la voiture n’est