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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/47

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

voir faire la manœuvre. La pointe des casques et les boutons des tuniques étincellent ; pas de gants. L’officier, avec sa ceinture d’argent à énormes glands tombant sur le côté, se promène. Des moineaux nichent et jouent dans les bas-reliefs du fronton.

Le mot d’ordre. — Il y a à gauche du Corps de Garde un espace planté de quelques gros arbres et de deux monstrueux canons qu’on nous a pris en 1814. C’est là qu’à certains jours, une fois par semaine, je crois, les officiers viennent prendre le mot d’ordre. Le spectacle est merveilleux, vu d’un premier étage, surtout quand le jour du mot d’ordre tombe un dimanche ou un jour de fête et que l’armée est en grande tenue. Une musique militaire joue, au centre. La haie des sergents de ville est doublée de celle des soldats d’ordonnance qui ont accompagné leur officier : à la pointe de leur casque est adaptée une crinière blanche, rouge, noire, qui retombe. Les simples officiers ont la même crinière que le simple soldat. Les officiers supérieurs adaptent à leur pointe un bouquet flottant de longues plumes blanches ou noires. Les officiers arrivent. L’officier riche descend de sa