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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/48

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

voiture de maître, l’officier pauvre paye son fiacre. Ils entrent dans le cercle. On a alors un spectacle unique, un parterre mouvant de couleurs et d’étincellements, animé d’un même rythme, le salut militaire allemand : ce ne sont que torses s’inclinant, mains s’élevant et s’abaissant d’un geste sec, sans compter les trois pas en avant qui précèdent le salut. Il y a là des officiers de toutes armes et de toutes couleurs. Celui qui domine tout et tire invinciblement l’œil est l’officier de la garde, géant tout vêtu de blanc, coiffé d’un casque en métal clair que surmonte l’aigle d’argent aux ailes étendues. Celui-là, la foule ne cesse pas d’en être stupéfiée et fière, bien qu’elle en sente pour la plupart la vanité.

Les dimanches et jours de fête, anniversaires, etc… à cause du retour de la messe ou du va-et-vient de félicitations entre les palais, la garde se tient en permanence entre ses piquets.

Matin d’hiver, huit heures. — Sous ma fenêtre, défilé, par groupes de deux ou trois, de jeunes officiers de toutes armes. Joli spectacle, net et propre, vrai défilé d’images. Il fait froid ; tous ont relevé le collet de leur manteau, ce qui va