L’EMPEREUR
our le chroniqueur, en vérité, Guillaume Ier,
roi de Prusse, empereur d’Allemagne,
est le moins compliqué des personnages. A-t-il
quelque passion, un goût saillant, une manie ?
Non. Il n’est ni lettré, ni faiseur de bons mots
historiques comme son prédécesseur ; il n’est
pas artiste comme tant de principicules, ses
satellites aujourd’hui ; il n’est ni dévot, ni libre-penseur ;
ni mangeur, ni buveur ; avant tout,
c’est un militaire, mais non un soudard.
Guillaume Ier n’aura rien fait pour laisser une légende. Comme roi, il voulait n’être qu’une « sentinelle sans reproche », il n’a eu qu’à laisser faire, et chaque été, quand il entre à Ems, Hombourg, etc., il passe sous des arcs de triomphe de feuillage où des inscriptions le saluent d’un nom que l’histoire (du moins l’histoire allemande) lui gardera : « À Guillaume le Victorieux. » À travers tant de gloire et de secousses,