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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/82

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

jour sans prendre quelque médecine ; à l’âge de soixante-dix ans, presque in extremis, elle a subi une opération des plus délicates ; il y a cinq ans, elle a fait une chute qui, mal soignée, l’a condamnée à la chaise roulante. À force d’énergie, elle est parvenue à se lever, faire quelques pas, donner encore de temps en temps l’illusion qu’elle peut recevoir debout[1]. Avec cela, l’esprit est toujours vif, la mémoire surprenante ; l’œil voit tout et recueille tout, l’oreille entend le moindre chuchotement dans une conversation générale.

L’impératrice est protestante, on le sait, mais elle a eu une grande influence catholique dans sa vie. Le catholicisme, dans son esprit politique et social, comme dans ses ressources pour l’âme, et ses mœurs, et ses particularités de formes, est sa constante préoccupation, hélas ! à peu près platonique. C’est un peu aussi l’attrait du fruit défendu. On dit que, veuve, la souveraine irait vivre à Rome et très probablement s’y convertirait. Il y a quatre ans, alors que l’Allemagne

  1. Marie-Louise-Catherine de Saxe-Weimar était née à Weimar le 30 septembre 1811 et avait épousé Guillaume de Prusse le 11 juin 1829. Elle avait donc soixante-dix ans lorsque Laforgue arriva à Berlin et {soixante-seize à l’âge où il écrivait ce portrait.