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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/83

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

était en fête pour le quatrième centenaire de Luther[1] et que toute la cour se trouvait officiellement à Berlin, l’impératrice se tenait coite au fond de son château de Coblentz. La souveraine aime à s’entourer de catholiques : la qualité de catholique est une recommandation pour elle. Inutile de dire qu’on en abuse. Par exemple, on reçoit assez fréquemment des lettres de prêtres français, évidemment déclassés, demandant des secours d’argent. Mais la dame du palais chargée d’ouvrir ces lettres et d’y répondre, et chargée en général des « affaires extérieures » de la souveraine, est un diplomate digne d’un comptoir et qui ne laisse pas aisément sortir l’argent de la cassette de sa maîtresse.

Cette influence catholique est venue à la souveraine, comme beaucoup de ce qui fait sa vie, de la France, d’un Français. Ce Français, mort avant la guerre, fut secrétaire de Talleyrand et en a tenu les Mémoires, et n’est autre qu’un grand-oncle de l’auteur d’Autour d’un mariage. Il était ministre de France à Carlsruhe et vivait surtout à Bade. Une espèce d’amitié mystique s’établit entre la reine de Prusse et ce personnage

  1. 10 novembre 1883.