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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/85

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

Avec la conviction de sa supériorité et son caractère impérieux, d’autant plus impérieux et ambitieux d’initiative que l’empereur aimait à vivre en tutelle politique, l’impératrice devait être portée à s’ingérer dans la direction des affaires. M. de Bismarck y mit toujours doucement le holà. Lors des affaires religieuses du Kulturkampf qui tenaient particulièrement à cœur à la souveraine, la lutte fut vive et l’on se montra irréconciliable. Le chancelier savait bien que, comme toujours, envers et contre tous, il aurait le dernier mot. Il avait beau jeu pour se montrer calme, attendre que la disgrâce où on le tenait tombât d’elle-même, qu’on le reçût de nouveau et que sa souveraine lui redonnât, à quelque prochain jour de l’an, sa main à baiser. Comme en bien d’autres circonstances, il ne sut pas se refuser son plaisir favori, celui des gros mots. Les mots directs ne circulèrent naturellement qu’à l’état d’on-dit, mais le chambellan de la souveraine en reçut un en face et devant tous. Un jour, au moment où M. de Bismarck se